Le plan Walkyrie - Rastenburg


Le 20 juillet 1944 devait être le bon jour. Les précédentes initiatives avaient échoué pour diverses raisons. Mais ce jour là, l'attentat devait avoir lieu même si certains hauts dignitaires nazi étaient absents.
Ce matin là, Stauffenberg prit l'avion pour la Prusse Orientale en compagnie du lieutenant-colonel Werner von Haeften son aide de camp et ami, afin de se rendre au quartier général du Führer à Rastenburg. Arrivés à l'aérodrome de Wilheimsdorf, ils traversèrent l'épaisse forêt et franchirent les grilles de la tanière du loup après de nombreux contrôles.
Dans un premier temps, Stauffenberg alla voir Fellgiebel, le responsable des transmissions du Wolfsschanze, qui devait couper tous liens extérieurs sitôt la bombe explosée. Ensuite, il retrouva Keitel afin de lui exposé un résumé du rapport qu'il allait présenter à Hitler. Keitel lui ordonna d'être bref, car l'arrivée de Mussolini était prévue dans l'après-midi.










Juste avant 12h30, Keitel et Stauffenberg accompagnés de deux autres officiers se rendirent à la salle des cartes où se tenait la conférence. En chemin, Stauffenberg demanda à Keitel de l'excuser car il avait "oublié" sa casquette et son ceinturon. De retour dans l'antichambre de Keitel, il ouvrit sa serviette et amorça la bombe. Le compte à rebours était lancé.

Quand il revint vers le groupe, Keitel commençait à s'impatienter. Les hommes entrèrent dans la salle des cartes qui avait été déplacé d'un bunker vers une simple maison de bois, en raison des préparatifs d'évacuation. Cela dérangeait Stauffenberg qui comptait sur l'effet de souffle de la bombe, plus important dans une pièce en béton. Mais il ne pouvait plus reculer. Le bâtiment avait trois fenêtres et contenait deux petites tables, de chaque côté de la longue et lourde table des cartes. Il était 12h40.
Une vingtaine de personnes environ étaient présentent, mais Himmler, Goering et Ribbentrop n'étaient pas là. Le général Adolf Heusinger, adjoint au chef d'état-major, faisait son rapport sur la situation à l'est. Hitler, le dos à la porte, suivait sur les cartes. Keitel présenta Stauffenberg à Hitler qui considéra ses mutilations. (voir salle des cartes - Rastenburg)


Il se dirigea ensuite à l'extrémité de la table, à la droite du Führer. Il plaça la serviette contenant la bombe, sur le sol, près du colonel Heinz Brandt, puis il murmura : "Je la laisse un instant. J'ai un coup de téléphone à donner." Gêné par la serviette, Brandt la déplaça alors distraitement en l'appuyant contre le lourd montant de la table, l'éloignant ainsi de Hitler.

Stauffenberg quitta alors le bâtiment et s'alluma une cigarette. A l'intérieur, Heusinger terminait son rapport : "...Si le groupe d'armée du lac Peipous n'est pas enfin retiré maintenant, nous subirons une catastrophe."
Au moment où il prononçait le mot catastrophe, la bombe explosa. Une énorme déflagration détruisit la pièce. L'explosion avait tué net le sténographe officiel, blessé mortellement deux généraux et un colonel. Stauffenberg et Haeften s'empressèrent alors de sortir de la tanière du loup. Il furent cependant arrêtés à un poste de contrôle, mais le Rittmeister von Moellendorf, officier de la FHW, lui-même conjuré, donna aussitôt l'ordre de les laisser passer. Vingt minutes plus tard, ils survolaient les lacs de Mazurie.



Le plan Walkyrie - Berlin


Que s'était-il passé à Berlin? Vers 12h00, les chefs de la Schwarze Kapelle s'étaient réunis au quartier général de l'armée de l'intérieur. Ils étaient prêts à lancer les ordres de Walkyrie dès que le général Olbricht, recevrait de Fellgiebel la confirmation de la mort du Führer. Le général von Haase, commandant du Grand Berlin, s'assurait que ses troupes resteraient dans leurs casernes jusqu'au moment d'agir. Puis arriva Beck, John, Witzleben, à qui serait confié le commandement en chef de la Wehrmacht, et Hoepner, général de Panzer, prêt à donner des ordres à la Panzerarmee.

Tous étaient très tendus. En effet, ils attendait le coup de téléphone de Fellgiebel annonçant la réussite de l'attentat. Mais le téléphone ne sonnait toujours pas. 13 heures, 14 heures, 15 heures... Toujours rien. Puis soudain, Haeften qui venait d'arriver à Rangsdorf avec Stauffenberg téléphona au quartier général de conspiration. Aussitôt, le colonel Mertz von Quirnheim lui demanda si l'attentat avait réussit ou échoué. Il répondit que oui, et qu'Hitler était bien mort. Il était 16h00, Olbricht lança immédiatement les ordres Walkyrie.

Le plan Walkyrie - Front ouest

Kluge passa la journée du 20 juillet avec ses chefs d'armée. Vers 18h00, il revint à La Roche-Guyon où on lui remit le message suivant : Hitler avait été assassiné et Beck était proclamé chancelier et Witzleben commandant en chef de la Wehrmacht.
Quelques instants plus tard, Beck appela le maréchal pour lui demander son ralliement à la conspiration. Mais Kluge, hésitant, ne répondit pas, dit qu'il devait réfléchir et raccrocha. Il devait se décider car la conspiration, pour avoir une chance de réussir, devait avoir le soutien de l'OB-West. En effet, si l'éventualité se présentait, d'ouvrir le front et de permettre aux armées anglo-américaines de marcher jusqu'à la frontière ouest de l'Allemagne, les négociations avec les alliés seraient plus aisées.
C'est alors que vers 20h00, Kluge reçut le premier document officiel de la conspiration : une copie de la proclamation de Witzleben, en tant que nouveau commandant en chef de la Wehrmacht. Il entreprit aussitôt de faire stopper les tirs de V1 sur Londres, pansant que les alliés répondraient favorablement à une éventuelle demande d'armistice.

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